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DÉFINIR LA FRONTIÈRE

Une bonne compréhension des fonctions de la frontière permet de mieux cerner le concept de transfrontalité dans le cadre d’une agglomération transfrontalière. Tout d’abord, une frontière sert à définir la limite de souveraineté du territoire d’un État. Elle est aussi souvent considérée comme une barrière, c’est-à-dire l’endroit où l’on établit un certain contrôle et une certaine sécurité. La frontière peut être une porte d’entrée et une ouverture soit à la collaboration ou à la confrontation. Bref, elle peut servir à différencier ou affirmer quelque chose qui lui est propre (Sohn, 2012).

Figure 1. Frontière entre Strasbourg et Kehl. Par l'auteur (2016).

AGGLOMÉRATION TRANSFRONTALIÈRE

REDÉFINIR LA FRONTIÈRE

L’agglomération transfrontalière a d’abord été considérée comme un fait morphologique et fonctionnel, mais celle-ci tend surtout vers une dimension politique et gestionnaire. « Elle s’apparente dans les faits à une intercommunalité transnationale et correspond à des formes d’organisation émergentes qui se développent et s’institutionnalisent dans un contexte européen de frontières pacifiées et de plus en plus perméables » (Beyer, 2011). La perméabilité de la frontière apporte un grand potentiel pour les régions frontalières désirant « renforcer leur position au sein des réseaux de l’économie globalisée et d’affirmer leur autonomie en tant qu’entité régionale transfrontalière » (Sohn, 2012). La frontière est donc un élément attracteur au niveau urbain plutôt que répulsif tel que connu dans le passé. Cette dévaluation de la frontière et le contexte européen permettent d’imaginer une vision future en termes de développement et d’aménagement au sein de la région urbaine transfrontalière. La frontière devient alors une ressource « qu’il convient de valoriser en renforçant par exemple la complémentarité entre les territoires frontaliers » (Reitel et Mouillé, 2015). Cela peut expliquer la raison pour laquelle la formation d’agglomérations transfrontalières est souvent une initiative des États dans le contexte européen où ils accordent soutien financier et reconnaissance symbolique. Les pays exemplaires de cette approche sont la France, l’Allemagne et la Suisse (Sohn, 2012). Toutefois, l’apport aux villes faisant partie intégrante de l’agglomération transfrontalière n’est pas nécessairement équitable entre les partis. « Bien souvent la transfrontalité nourrit un processus de développement inégal qui bénéficie davantage à un côté de la frontière qu’à l’autre » (Sohn, 2012). Un des grands enjeux de la transfrontalité est donc de tester la capacité des partis à élaborer des projets communs qui rapporteront des bénéfices préférablement de manière équitable à chacun d’eux.

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L’exemple de l’agglomération transfrontalière de Strasbourg-Kehl démontre une volonté de réconciliation des événements passés. La frontière est dorénavant considérée comme un trait d’union franco-allemand (Beyer, 2011). En s’associant sur un projet commun, les villes de Strasbourg et Kehl tentent aussi de devenir une force économique reconnaissable à l’échelle européenne. « Dès la fin des années 1960, les contrôles douaniers deviennent plus faibles, les flux transfrontaliers plus intenses. Les droits de douane diminuent avec la création du marché unique (CEE) » (Reitel, 2005). La volonté de prolonger le réseau de tramway strasbourgeois jusqu’au centre-ville de Kehl affirme une ouverture transfrontalière  (Beyer et Debrie, 2011). De plus, le projet du Jardin des Deux-Rives entamait une collaboration de plus en plus étroite entre les deux États (Reitel et Mouillé, 2015).

JARDIN DES DEUX-RIVES

Suite à près de 15 ans de pourparlers entre Strasbourg et Kehl, le Jardin des Deux-Rives, situé directement sur la frontière franco-allemande, voit le jour en 2004. L’objectif du Jardin des Deux-Rives est de transformer la frontière, lieu d’identification de la séparation et de la différence, en un lieu de continuité urbaine entre Strasbourg et Kehl (Reitel et Mouillé, 2015). Ce grand parc urbain permettra d’accueillir des espaces de récréations et des activités ponctuelles afin de concrétiser le lien entre les deux villes. Ici, la passerelle est à la fois un lien entre les deux rives et le cœur du jardin : elle symbolise la rencontre et la dévaluation de la frontière. Ce projet est alors la prémisse du projet urbain de Strasbourg Deux-Rives.

Figure 2. Localisation du Jardin des Deux-Rives. Par l'auteur (2016).

Figure 3. Passerelle Mimram au Jardin des Deux-Rives. Par Rémi Leblon (2008).

STRASBOURG-KEHL

enjeux et objectifs

La formation d’une agglomération transfrontalière apporte son lot de défis. En prenant le cas de Strasbourg-Kehl, il est possible d’énumérer quatre enjeux principaux, soit l’enjeu politique, l’enjeu économique, l’enjeu urbain et l’enjeu environnemental. En raison du caractère asymétrique des deux villes, certains enjeux se rapportent plus du côté de Strasbourg que de la ville allemande de Kehl.

ENJEU POLITIQUE

Figure 4. Enjeu politique. Par l'auteur (2016).

  • Partenariat entre deux États

  • Formaliser leurs relations transfrontalières

ENJEU ÉCONOMIQUE

Figure 5. Enjeu économique. Par l'auteur (2016).

  • Reconversion de friches portuaires vers usages tertiaires (opportunités foncières)

  • Maintenir / développer les échanges entre les ports nord et sud

ENJEU URBAIN

Figure 5. Enjeu urbain. Par l'auteur (2016).

  • Renforcer la dimension transfrontalière de la métropole

  • Créer un nouveau quartier ouvert sur le Rhin et les bassins portuaires

  • Retisser la ville

ENJEU ENVIRONNEMENTAL

Figure 6. Enjeu environnemental. Par l'auteur (2016).

  • Amorcer un corridor écologique entre la forêt du Neuhof et la forêt de la Robertsau via le Jardins des Deux-Rives

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